Charlotte Cugat est une artiste aux multiples facettes. Issue d’une ancienne famille catalane, elle côtoie un milieu à la fois bourgeois et paysan durant son enfance et sa jeunesse. Sa chère grand-mère lui apprend les merveilles de la nature et les secrets du vivant. Elle lui apprend aussi la dureté du travail agricole, les hommes et les femmes aux mains calleuses, les visages tirés et les rires francs, les chants et les plaintes d’une vie sans concession, où la solidarité s’impose sans être le fruit d’une réflexion profonde, comme un écho du cœur. Sa grand-mère qui, sans même songer aux dangers encourus, aida un médecin juif à se cacher durant la Seconde Guerre Mondiale, fut la première et peut-être la seule de sa famille à la soutenir pleinement, durant son enfance, dans son envie de dessiner, de mettre en image les observations que nourrissaient les temps passés à son contact.

Dans le même temps, ses parents l’élèvent selon les préceptes d’un milieu bourgeois où la culture est un apanage plus qu’une finalité. Ils la poussent à apprendre le piano – car il était de bon ton alors qu’une enfant sache jouer d’un instrument – mais la dissuadent de peindre, ne voyant là qu’une perspective professionnelle stérile. Peut-être avaient-ils raison, car de nos jours comme auparavant, le monde de l’art est difficile à intégrer. N’en déplaisent à ses parents, Charlotte Cugat entreprit la grande carrière de peintre qui est la sienne.